Un documentaire accuse Silvio Berlusconi d'avoir truqué les élections d'avril

Publié le par Charlotte

Le documentaire intitulé Uccidete la democrazia (Tuez la démocratie), qui sort en Italie vendredi 24 novembre, jette un pavé dans la mare. Il accuse ni plus ni moins Silvio Berlusconi d'avoir truqué les élections législatives d'avril dernier, dont les résultats définitifs, relève-t-il, n'ont toujours pas été publiés.

Point de départ de l'investigation menée par les journalistes de gauche Enrico Deaglio et Beppe Cremagnani : le nombre anormalement faible de bulletins blancs, qui seraient passée de 1 692 000 en 2001, à 445 000 en 2006. "Pourquoi le nombre de bulletins blancs et nuls s'est-il effondré aux élections législatives d'avril pour la première fois depuis soixante ans ?" et "quelle main invisible ou 'dessein intelligent' a fait en sorte que les bulletins blancs de toute l'Italie, des grandes villes aux plus petits villages, soient tous tout à coup de l'ordre de 1 à 2 % [alors qu'il oscillait entre 2 et 8 % selon les régions lors des précédents scrutins] ?", demandent-ils.

Le documentaire tente de répondre à ces questions en reconstituant le film de la journée du lundi 11 avril, depuis les sondages de sortie des urnes – qui donnaient une victoire confortable à la coalition menée par Romano Prodi (50 à 54 % des voix contre 45 à 49 % pour la coalition emmenée par Silvio Berlusconi) – au résultat très serré rendu public quelque douze heures après la fermeture des bureaux de vote, attribuant la victoire d'une courte tête (écart de 24 000 voix) à l'Union.

Enquête préliminaire

Le film, sans apporter de preuves irréfutables, place Silvio Berlusconi au cœur d'une vaste manipulation. Il s'appuie sur le témoignage d'une source – restée anonyme – qui affirme avoir passé cette nuit aux côtés de l'ancien président du conseil à Palazzo Grazioli, sa résidence privée à Rome. L'homme, incarné dans le documentaire par un acteur (Elio De Capitani, le "caïman" du film de Nanni Moretti), évoque plusieurs éléments troublants. Il raconte notamment que le leader de Forza Italia, furibond après la diffusion des sondages de sortie des urnes, a convoqué à trois reprises le ministre de l'intérieur, Giuseppe Pisanu, censé veiller au bon déroulement du dépouillement depuis son ministère, et "lui a hurlé qu'il n'était pas disposé à perdre pour une poignée de voix".

Les journalistes émettent l'hypothèse qu'un petit programme informatique, inséré dans le système de transmission des résultats du ministère de l'intérieur, a transformé une partie des votes blancs en voix pour la coalition de Silvio Berlusconi. Le "coup d'Etat informatique", selon eux, aurait été interrompu sur intervention du ministre de l'intérieur, pris d'un "sursaut démocratique".

Projeté en avant-première mercredi soir, le film-documentaire, bien que taxé de mélanger politique et politique-fiction, soulève des questions embarrassantes pour la classe politique italienne. Plusieurs personnalités à droite ont jugé que le documentaire était pure calomnie. Les leaders de la gauche, qui selon le documentaire n'ont pas dénoncé cette "manipulation" afin de ne pas discréditer tout le processus électoral, n'ont pour l'instant pas fait de commentaire. La justice s'est d'ores et déjà saisie de l'affaire. Le parquet de Rome a ouvert, jeudi, une enquête préliminaire sur le film.

Publié dans Actualité

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