Cesare Battisti a été arrêté au Brésil

Publié le par Charlotte

Je n'arrive pas vraiment à comprendre pourquoi le fait qu'un (et même plusieurs) crime doit être puni semble si difficile à admettre pour certains...

 

L'ancien activiste de l'extrême gauche italienne Cesare Battisti, condamné à perpétuité pour homicides en Italie et qui avait fui la France en août 2004, a été arrêté dimanche au Brésil, a annoncé un porte-parole de la police italienne.

"Battisti a été arrêté au terme d'une opération impliquant les autorités brésiliennes et italiennes", a-t-il dit à Reuters.

Le ministre de la Justice, Clemente Mastella, a déclaré à l'agence de presse ANSA qu'il espérait que l'ancien membre des "Prolétaires armés pour le communisme" (PAC) serait extradé rapidement. S'il regagne l'Italie, il purgera directement sa peine et n'aura pas a priori droit à un nouveau procès. Clemente Mastella a également félicité la police pour "une brillante opération conduite en coopération avec les autorités brésiliennes et françaises".

Selon une source officielle à Paris, des policiers français ont participé à l'opération qui a permis l'arrestation du fuyard en début de matinée dans un hôtel de Copacabana, à Rio.

Cas devenu emblématique des "années de plomb", Battisti, 52 ans, avait été arrêté une première fois en juin 1979, avant de s'évader de prison. Il a ensuite été condamné, par une série d'arrêts rendus par contumace entre 1990 et 1993, pour avoir commis deux homicides et pour complicité dans deux autres. Il a été reconnu coupable d'avoir lui-même tué Antonio Santoro, gardien de prison, le 6 juin 1978 à Udine et Lino Sabbadin, un boucher, le 16 février 1979 à Mestre. Selon Rome, il aurait par ailleurs participé aux préparatifs d'une tentative de meurtre d'un bijoutier, Pierluigi Torregiani, le même 16 février 1979 à Milan - où un jeune enfant atteint par une balle perdue est devenue paraplégique - ainsi qu'à ceux du meurtre du policier Andrea Campania, le 19 avril 1979, à Milan.

Doctrine Mitterrand

Après son évasion en 1981, il avait gagné le Mexique avant de s'installer en France, en 1990, comme beaucoup d'activistes d'extrême-gauche italiens. Il y était devenu gardien d'immeubles et auteur de romans policiers.

La demande d'extradition de l'Italie, rejetée une première fois au début par la cour d'appel de Paris en mai 1991, pour des raisons techniques, avait été relancée en 2004.

Cesare Battisti avait été écroué le 10 février puis remis en liberté le 3 mars 2004, après s'être engagé à ne pas quitter le pays. Mais en août, il disparaissait de son domicile, juste après l'arrêt qui donnait le feu vert à son extradition, rendu le 30 juin et alors suspendu à un recours en cassation.

La Cour de Cassation a confirmé la décision en octobre 2004 et le Conseil d'Etat a rejeté un dernier recours début 2005. Cette décision a effrayé les anciens activistes italiens réfugiés en France, qui seraient plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines, mais aucune autre affaire n'a suivi.

Dans un livre publié il y a un an, "Ma Cavale", Battisti réaffirmait être la victime d'un complot politico-judiciaire et disait n'avoir "jamais tué" ni même "jamais tiré sur personne".

Cesare Battisti, qui a une compagne française et deux enfants français, a reçu le soutien d'une partie de la gauche française, de plusieurs associations et des milieux parisiens de l'édition qui s'insurgeaient contre son éventuelle extradition.

A la grande indignation de l'ensemble de la classe politique italienne, de nombreuses personnalités, comme les écrivains Bernard-Henri Lévy, le chanteur Georges Moustaki et surtout l'auteur de romans noirs Fred Vargas ont soutenu le fuyard.

Après quelques hésitations, le PS s'était fortement impliqué et François Hollande était même allé lui rendre visite en prison en février 2004.

Ses partisans estiment qu'il a été victime d'un procès politique en Italie et reprochent à la France de n'avoir pas tenu la parole de François Mitterrand, qui avait promis en 1985 l'asile aux activistes italiens ayant rompu avec la violence.

François Mitterrand avait pourtant exclu explicitement de sa promesse les criminels de sang, souligne l'Italie. La cour d'appel de Paris a déclaré dans les attendus de sa décision qu'elle n'avait pas à tenir compte d'une promesse politique, en raison du principe de la séparation des pouvoirs.

Reuters

 

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